Se souvenir et transmettre
Le 27 janvier, notre établissement a commémoré la libération du camp d’Auschwitz en 1945. Une expérience particulièrement forte pour nos élèves qui, en novembre dernier, ont pris part au Train de la Mémoire et se sont rendus sur les lieux de la tragédie.
Dans l’allée de nos Justes de Sion, les élèves ont également déposé sur un « drap » des mots confectionnés en classe, allumé des bougies devant chaque stèle et chanté le Chant des Marais et le Chant des Partisans. Un moment de recueillement fort pour honorer la mémoire des disparus et rappeler l’importance de transmettre leur histoire.
Au cimetière de Notre Dame de Sion, ils ont découvert le nom de Sœur Gilda, née en Roumanie et morte en déportation à Auschwitz en 1944. En son hommage, des bougies ont été déposées au pied de la stèle qui porte son nom.
Commémoration du 27 janvier 2025
Le chant des partisans Evry, le 27 janvier 2025
Très chers élèves, très chers collègues,
Nous commémorons aujourd’hui la Libération, le 27 janvier 1945, du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau. Depuis ce matin, en lien avec les communautés et média du monde entier, nous avons décidé de faire un pas de plus sur la compréhension de l’incroyable.
Claude Lanzmann, réalisateur du long film témoignage« Shoah» en 1995 disait quand on l’interrogeait sur la version longue de son documentaire de 8h : « il faut voir et savoir inlassablement». Une manière pour lui de nous faire toucher du doigt l’inimaginable, l’inconcevable.
Toucher du doigt chers élèves de première ou de terminale vous l’avez fait lors du voyage à Auschwitz en novembre dernier. Vous avez vu les traces de la machine infernale nazie qui consistait à déshumaniser, priver de leur dignité et tuer en nombre juifs, résistants, tsiganes, homosexuels, opposants politiques.
Vous avez également touché du doigt l’indicible au Struthof en décembre dernier chers élèves de 3èmeA et 2nde E.
Depuis 80 ans où les premières images de la libération des camps par les armées soviétiques nous sont parvenues, difficile de répondre à l’incessante question
«pourquoi?»« Comment», nous avons commencé à le comprendre mais le pourquoi reste un profond mystère!
Alors, enfants de Sion plus que les autres, il nous appartient de nous souvenir, de perpétuer la mémoire de ceux qui sont morts dans les camps nazis, privés de leur nom, remplacé par un numéro tatoué dans leur chair sur l’avant-bras. Il nous appartient de transmettre le souvenir de la shoah et de ses survivants, qui nous ont depuis quitté, rentrés dans leur Eternité.
Primo Levi a écrit qu’un pays qui oublie son passé est condamné à répéter les mêmes horreurs. Certains matins, en écoutant l’actualité on peut se demander si l’humanité a su tirer leçon de cet abominable passé. Par sur au regard des autres crimes contre l’humanité perpétrés depuis 80 ans, Par sur devant cet antisémitisme toujours aussi présent, exponentiellement violent et meurtrier en France, en Europe, au Moyen Orient et ailleurs. Alors soyons en Sion et ailleurs d’infatigables passeurs de mémoire qui s’interdisent l’oubli et le combattent. Si nous voulons construire l’avenir avec raison et lucidité, nous devons inlassablement nous souvenir.
«Zakhor, souviens-toi! En ce lieu, il se fit un ciel de cendres»
Nathalie Dujany
Mémorial de la Shoah
Le groupe d’élèves parti à Auschwitz s’est rendu au Mémorial de la Shoah à Paris, lieu de mémoire qui honore les victimes de l’Holocauste. Ce mémorial est fondamental pour maintenir vivante la mémoire de cet épisode sombre de l’Histoire, pour que les générations futures en prennent conscience et pour qu’une telle barbarie ne se reproduise jamais.
Une des pratiques très marquantes dans ce lieu est la lecture des noms. Cela peut paraître simple, mais elle revêt une importance symbolique et émotionnelle considérable. Chaque nom prononcé représente une personne disparue, un individu qui a été victime de la déportation, du travail forcé, des massacres ou des conditions inhumaines infligées par les nazis. Cette lecture permet de rendre hommage à l’individualité des victimes, au-delà de leur statut de simple chiffre dans les statistiques de la Shoah. Les jeunes de Notre Dame de Sion qui ont participé au train de la mémoire 2024 sont conscients de la responsabilité de telle mémoire :
Humanisation des victimes : chaque nom lu rappelle que ce n’était pas juste un nombre, mais des personnes avec une vie, une famille, des rêves et des espoirs. Ce geste de lecture permet de restaurer leur dignité et de leur offrir une place dans la mémoire collective.
Transmission de la mémoire : en lisant ces noms, on participe activement à la transmission de l’histoire de l’Holocauste aux générations futures. Il ne s’agit pas seulement de se souvenir des événements, mais de maintenir vivante la mémoire de ces victimes, afin que cela ne soit pas oublié.
Éducation et prévention : ce processus permet d’éduquer les jeunes générations à la nécessité de lutter contre l’antisémitisme et toutes formes de haine et de discrimination. Cela offre une opportunité de réflexion sur la barbarie humaine et sur l’importance de défendre les droits de l’homme.
Répétition de la tragédie : en répétant sans fin la lecture de ces noms, on montre l’ampleur de la tragédie. Ce geste permet de signifier que tant que l’on n’aura pas honoré chaque victime, la tâche n’est pas terminée.
La lecture des noms est une forme de résistance à l’oubli. Elle constitue un hommage vibrant à ceux qui ont souffert et sont morts pendant la Shoah, tout en rappelant à la société que la mémoire de cette tragédie doit être préservée à travers les âges. Cela nous engage à être plus vigilants face aux idéologies de haine et de division qui peuvent encore exister.
Sara Hernandez, Adjointe en Pastorale