Célébration de Pâques

Célébration au collège et Lycée Notre Dame de Sion Évry

 

Le jour d’après : saveurs de la résurrection

Collège Lycée privé Notre-Dame de Sion Évry - Pastorale Pâques

Collège Lycée privé Notre-Dame de Sion Évry – Pastorale Pâques

Durant les quarante jours du Carême, j’ai laissé mon cœur me guider. Il m’a conduit sur un chemin inattendu afin de me préparer à l’expérience de la résurrection : la rencontre avec moi-même.  Dans un premier moment, c’est la peur de l’inconnu suscité par la situation actuelle que nous vivons tous depuis maintenant une année qui est ressortie avec son cortège de masques, de distanciation, de lavage des mains au gel hydroalcoolique, de vaccins.  D’autant que je conserve des séquelles de cette maladie qui nous tient tous à distance. Goût et odorat ont déserté, depuis quelques mois mon quotidien me laissant avec la nostalgie du délicieux arôme du café, de la savoureuse odeur du pain chaud à peine sorti du four, du parfum des fleurs, de l’exhalaison de l’herbe fraîchement coupée, du goût des fruits et des légumes et de toutes les bonnes recettes qui surent réjouir mes papilles. Tout désormais se présentant devant moi comme une occasion de frustration, comme l’expérience d’une vie sans goût ni odeur.

J’ai alors senti, paradoxalement, que c’était le moment idéal pour me demander si ma vie entière était une vie sans saveur ni odeur. Cette expérience physique s’est ainsi transformée en une quête beaucoup plus profonde du goût et du parfum de mon existence. Comment en effet limiter ma vie à cette simple absence et laisser de côté tout le reste ? Je ne peux pas rester toujours focalisée sur ce qui a été perdu et dans l’ignorance de tout ce qui continue de m’accompagner chaque jour : un monde de couleurs, de formes, de sensations, de sons, de textures, de relations, d’émotions, de sentiments…

Je me rends ainsi compte, petit à petit, que le fait de partager avec les élèves des moments uniques et inoubliables donne un goût de vie nouvelle car leurs regards remplis d’espérance, de promesses et de lumières illuminent à eux seuls le lieu de nos rencontres : le monde, notre monde.

J’apprends également à savourer tout ce que je suis, le positif comme le négatif, à recevoir avec gratitude le merveilleux comme le douloureux, à apprécier cette expérience nouvelle de dégustation de la vie à travers les actes et les gestes les plus simples.

Le goût entre désormais par le regard, par l’ouïe, par le toucher. La vie elle-même continue avec ses hauts et ses bas et je continue d’apprendre d’eux car que serait la vie sans les difficultés quotidiennes qui laissent presque toujours un peu de piquant et d’amertume ? sans les moments de joie qui déposent douceur, sérénité, espérance et lumière ? sans tous les moments partagés qui donnent force et allant ? Et que dire de la vie de tous ceux qui nous entourent et qui déposent en nous son sel unique ? La fragrance de l’Amour qui nous habite et dont le parfum le plus exquis se laisse apprécier dans le respect mutuel des différences mais aussi dans tout ce qui nous permet de nous sentir vivant ?

La vie, c’est un ensemble, l’articulation d’une profusion infinie. Or, souvent, trop souvent, de cette abondance nous ne valorise que ce que l’on a perdu. A l’occasion d’une maladie, d’un deuil, d’une rupture nous découvrons après-coup la valeur de ce que l’on avait et dont on avait oublié la richesse tant cela semblait normal, ordinaire, un dû.  Trop souvent, nous cherchons les morts parmi les vivants au lieu d’apprendre à apprécier la vie que l’on a, à jouir de ce qui est là, au présent, tel un présent.  Mais, inlassablement Saint Luc nous rappelle combien en procédant ainsi nous faisons fausse route : « Pourquoi cherchez-vous entre les morts celui qui est vivant ? Il est ressuscité… » (Lc 24,5).