Les Chrétiens étant entrés en Carême au cœur de nos vacances d’hiver, nul doute que nous fûmes unis par la prière.
Durant 40 jours, notre Congrégation nous invite à cheminer vers Pâques avec un esprit de dialogue et de rencontre.
Nous nous y appliquerons particulièrement au sein de notre communauté éducative de Sion.
Bon chemin de Carême.
Sandrine Bathilde
CAMPAGNE de la FRATERNITE 2022
Parlez avec sagesse et enseigner avec amour. Pr. 31.26
Carême est un temps propice pour plonger en soi même, pour contempler le grand mystère de notre foi ! Jésus passe à nos côtés et attend de nous, aujourd’hui, maintenant, un grand changement. Notre culture a de plus en plus valorisé le présent, au mépris d’une perspective historique, dans laquelle s’établissent des relations plus profondes. Il est temps de regarder à l’intérieur de nous-mêmes et de revoir nos relations
Au Brésil, chaque année, la CNBB*, à travers la Campagne de la Fraternité, nous a aidés à approfondir et à contempler le mystère de Pâques. Cette année, le thème et la devise nous parlent profondément pour nous, famille de Sion : Fraternité et Éducation.
Un moment privilégié pour réfléchir et approfondir le centre de notre charisme, ce qui nous définit et nous identifie. Nous sommes appelés à être des personnes de dialogue, de rencontre, de médiation, de réconciliation.
Trouver les pistes d’une reconstruction globale qui aille à la racine de la façon dont les gens comprennent et organisent l’ensemble de la vie doit être notre façon d’être et de nous situer dans le monde d’aujourd’hui. C’est un grand défi. Notre monde a besoin de trouver les moyens de se reconstruire, de reconstruire la VIE, à tous les niveaux, en écoutant les cris des personnes vulnérables dans la maison commune de plus en plus fragile. La pandémie nous a fait vivre de nouvelles difficultés de coexistence, de nouveaux conflits, plus de violence et d’agression, maintenant nous devons réapprendre à aimer, pardonner, prendre soin, dialoguer, guérir et servir les autres.
Le charisme de la Congrégation de Sion porte précisément sur la culture du dialogue et de la rencontre, sur la recherche de la coexistence et de la réconciliation, sur la recherche de la paix et de la justice à partir des plus petits, des plus vulnérables, des plus exclus… Vivre la « Capanha da Fraternidade » visant à parler avec sagesse et à enseigner avec amour fait partie de cet appel lancé à chacun de nous.
Le dialogue est un appel à une conversion plus profonde de nous tous à nous-mêmes et à Dieu. Entrer dans un vrai dialogue nous enrichit et nous rend plus humains. C’est un défi, c’est difficile et encore plus lorsqu’il s’agit de dialogue en éducation où l’on tombe facilement dans un débat d’opinions et le plus fort ou le plus vocal finit par s’imposer.
Le fondement du dialogue est la reconnaissance de la liberté humaine, condition de la dignité de la personne humaine dans la recherche de la vérité, et fait partie des droits et devoirs fondamentaux de l’être humain. C’est une condition pour parler sagement et enseigner avec amour. Point de départ pour accueillir, comprendre, problématiser et transformer la réalité. Comme Marie qui gardait tout dans son cœur, nous avons besoin de silence et d’écoute intérieure.
Éduquer, c’est contribuer et aider les gens à préserver la vie, atteindre les consciences, transformer les relations humaines avec soi-même par l’estime de soi, avec les autres par le respect et l’acceptation, avec l’environnement en prenant soin de la nature, avec Dieu, par la gratitude et la reconnaissance que tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes vient de Lui. Eduquer n’est pas un acte isolé. Tous les gens sont des éducateurs et des apprenants. Nous sommes des éternels apprenants à tout âge.
Le dialogue en soi a déjà sa propre valeur puisqu’il permet le face à face qui m’amène à découvrir qui je suis. Dans les Écritures, l’être humain se reconnaît comme l’autre au moment où il est face à face avec son prochain : Et Adam dit : « voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. » Gn 2,23
Le pape François nous dit : « L’éducation sera inefficace et ses efforts stériles si elle ne se soucie pas aussi de diffuser une nouvelle manière de se rapporter à l’être humain, à la vie, à la société et au rapport à la nature. Sinon, le modèle consumériste persistera, transmis par les médias et par des mécanismes de marché efficaces ». (LS 215)
Éduquer, c’est humaniser. C’est un acte d’amour et d’espoir dans l’être humain.
Nous sommes appelés à semer cette graine d’espérance dans le monde d’aujourd’hui. Appel que nous ne pouvons pas transférer ou retarder.
Sr Judite, Brésil
*CNBB Conférence Nationale des Evêques du Brésil.